Un nouveau sondage suggère que, même si les Canadiens sont divisés sur le retrait de statues de politiciens qui incarnent des idées racistes, beaucoup s’opposent au déboulonnement « spontané » des statues du premier premier ministre du Canada, John A. Macdonald.

Le sondage en ligne réalisé par Léger et l’Association d’études canadiennes fait suite à la démolition controversée et au vandalisme d’une statue de John A. Macdonald à Montréal le mois dernier par des militants en colère contre ses opinions et politiques anti-autochtones.

L’incident, qui a été condamné par des dirigeants politiques de toutes sortes, s’est produit lors d’une manifestation antiraciste le 30 août. Une vidéo montrait un groupe de militants chantant et applaudissant alors que la statue était tirée au sol avant que sa tête ne se casse.

L’épisode représentait le dernier chapitre d’un débat croissant sur ce qu’il faut faire de ces statues. John A. Macdonald est considéré comme l’architecte du Canada, mais aussi des pensionnats autochtones, où des milliers d’enfants ont été victimes de maltraitance, voire de mort, lors d’efforts pour éradiquer leur culture.

La moitié des répondants à l’enquête ont déclaré s’opposer à l’idée de retirer des statues ou des monuments dédiés à des politiciens qui ont épousé des opinions racistes ou mis en œuvre des politiques racistes, tandis que 31 % ont déclaré soutenir de telles initiatives et 19 % ne savaient pas.

Le fossé est toutefois plus petit lorsqu’on demande à la population si les rues, les écoles et les autres institutions publiques qui portent des noms de personnages historiques reconnus comme racistes ; 47 % s’opposent à les renommer alors que 34 % sont en faveur de le faire.

Pourtant, 75 % des répondants au sondage étaient contre le démantèlement « spontané » de la statue de John A. Macdonald par des militants à Montréal, tandis que seulement 11 % se sont déclarés en faveur.

Les chiffres suggèrent que les Canadiens sont plus favorables à un processus de consultation pour déterminer l’avenir de ces statues-mais adoptent une vision critique des militants qui décident de prendre les choses en main et de passer à l’acte, a déclaré le vice-président exécutif de Léger, Christian Bourque.

« Si ce n’était pas du vandalisme, est-ce que ce nombre serait différent ? Très probablement. Parce qu’un bon tiers des Canadiens disent qu’ils appuieraient le retrait d’un monument ou d’une statue si c’était pour les raisons que l’on vient de décrire », a déclaré Christian Bourque.

« Mais il n’y a pas de soutien pour ceux qui utilisent le vandalisme ou une forme quelconque d’action illégale. Dans le contexte où cela a été fait à Montréal, il n’y a pas de soutien ».

Les résultats montrent que les répondants sont également divisés sur la façon dont ils voient John A. Macdonald.

44 % des répondants ont déclaré qu’ils le considéraient avant tout comme l’architecte de la Confédération canadienne, tandis que 15 % le considéraient comme celui qui a mis en place des politiques qui attaquaient les droits des peuples autochtones et cherchaient à les assimiler.

Pourtant, 37 % ont déclaré ne pas en savoir assez sur lui.

En réponse à une autre question, seulement 15 % ont déclaré avoir une opinion positive de John A. Macdonald, tandis que 47 % se sont dits neutres, 12 % ont dit avoir une opinion négative et 26 % ont indiqué qu’il ne le savait pas.

Le sondage en ligne auprès de 1529 Canadiens a eu lieu du 4 au 6 septembre. Un sondage Internet ne peut pas se voir attribuer une marge d’erreur, car il ne s’agit pas d’un échantillon aléatoire.